Août 2010, je suis renversée sur la voie rapide par un gros con qui a tout coupé de gauche à droite pour prendre une sortie au dernier moment, en me balayant sur le passage.
Délit de fuite, on a jamais retrouvé le mec (aucun des témoins avait la plaque entière, moi je me revois juste la marque/couleur/département, mais trop de résultats de recherche; Et de surcroît, angle de la caméra pas bon... PADBOL quoi !).
Résultat des courses : que de la merde de A à Z.
La moto avec fourche HS et des bidules à côté, j'ai attendu des mois pour économiser et la faire réparer (je suis en dommage collision, pas de tiers identifié = vautrage seule = pas d'indemnisation... 800€ dans le c*l !!)
Moi sévèrement amochée


Ma dorsale, mes bottes, mes gants et mon cuir sauveront le reste...
Pas de perte de connaissance mais un bon trauma cranien (ma tête a heurté la glissière de sécu...), juste un gros trou de mémoire sur l'avant-accident, les secondes précédant, je me rappelle + si le mec était à ma gauche depuis longtemps, s'il me doublait, je sais que son Vito a tapé sur ma moto et après j'ai basculé sur le côté droit, après ça va très vite.
De surcroît, prise en charge médicale bidon de chez bidon
4 jours après, je suis sortante me dit-on (il me tardait, la bouffe hosto c'est vaiment crado !!), on m'enlève le pansement occlusif (qui n'avait donc pas été changé ni vérifié), et là le drame

Le chirurgien en chef minimise la faute, l'interne m'explique qu'il était surchargé et qu'il a "oublié" de faire le champ bétadinique : en gros il m'a juste foutu du serum physio dans le genou avec des compresses pour nettoyer comme on nettoie un bobo d'enfance.
Je sors donc de l'hosto sans antibio, avec une pauvre ordonnance pour une infirmière 2 fois par semaine et du dafalgan (pas même de compresses et autre desinfectant), je dois réclamer l'arrêt maladie alors qu'ils savent que c'est un accident de trajet, et je file direct chez mon médecin traitant : sans lui et son suivi aujourd'hui je n'aurai + ma jambe !!
Il découvre aux analyses, 1 semaine après, un joli staphylo doré : gros antibio + cortisone, je mange + et pourtant je gonfle à vue d'oeil

Je continue mes soins 2 fois par semaine à l'hôpital... à la troisème semaine, lassée de jongler à cause de leur manque de compétence et compassion (aucune prise en compte de la douleur, même pas un anesthésiant local, le scapel pour gratter à vif dans la plaie !!), je pète un plomb, j'avance les frais, et je prends mon dossier.
L'infirmière aura le culot de me dire "c'est les risques du métier, il ne fallait pas faire de la moto"... (et tu payes ces gens-là avec tes impôts quand même !!!).
Je suis récupérée par un chirurgien d'une clinique privée sur recommandation de mon doc', qui me passe sur le billard en urgence pour un parage de plaie (= gros nettoyage en écartant à fond la plaie, comme des étriers pour un accouchement lol) et il découvre, 1 mois après l'accident, que j'ai le tendon du quadriceps déchiré... (l'hôpital central ayant jugé inutile le scanner, ils ne l'ont donc pas décelé...)
Je m'étonnais d'avoir supra mal à chaque petit mouvement de merde avec l'atelle, ça ne m'étonne plus. Seulement avec le staphylo présent, il peut pas réparer comme ça...S'en suivent 1 mois 1/2 mois de traitement, estomac bousillé, +10 kgs, je passe mes journées au lit et je bade à fond, sans savoir si je vais remarcher, si le staphylo va toucher l'os ou pas...
2 mois et 1 sem après l'accident, je suis donc réopérée pour contrôler l'avancement du staphylo, l'os (rotule) commence à être attaqué, il gratte gentiment et traite en local à fond + antibio encore + fort. Et là je vois ma jambe partir, je commence à me préparer, à préparer mes proches, à envisager une vie tout autre... Pas de jambe = une mini-mort à mes yeux...

Début décembre, MIRACLE, il décide de réouvrir pour tenter l'opération du tendon, le staphylo s'est enfin fait la malle, il opére le tendon avec un nouveau procédé, qui me permettra de remarcher en béquille et attaquer la rééduc en 1 à 2 semaines.
10j après je suis debout, je plie tout doucement le genou, les réflexes de la jambe reviennent, j'arrive à soliciter mon quadriceps (alors que lever ma jambe ou me mettre sur la pointe des pieds était devenu cauchemardesque). J'attaque la rééduc, terminée il y a seulement 2 mois... 3 séances de 45min par sem pendant 29 semaines + piscine + des exercices à la maison. Je n'ai repris le travail que début mars, en temps aménagé... J'ai vu mon infirmière 2 fois par jour pendant 3 mois, on est devenues limite potes

Aujourd'hui la balafre est là, le traumatisme aussi, la rancoeur encore +.
Je n'ai repris la moto qu'il y a tout juste un mois, toujours en full cuir et comme une vieille, je n'ose + prendre les virages comme il faut, je suis assez raide, les voitures me font peur, mais je me soigne, je me suis fixée comme objectif de la prendre au - une fois par semaine, même si ce n'est qu'un petit trajet, pour la réapprivoiser, et réapprivoiser la route et les autres.
Je progresse gentiment, une belle balade dans le Verdon il y a 2 semaines m'a permis de repositionner mon regard au loin alors que je fixais comme une débutant devant moi de peur d'avoir un obstacle qui surgit. J'ouvre les yeux en 10 fois + grand qu'avant, je contrôle toujours tout partout, les téléphones, les déboitements douteux, les écarts sur la voie... Et mon Dieu, si on devait tous leur refaire passer le permis, beh on aurait de la place sur la route

La finalité du truc c'est que tu peux être un assassin en puissance, te barer comme un voleur et qu'on te retrouve jamais... Manque de moyens de la Police, tout autant que ça rapporte pas de foutre des doubles glissières, ça rapporte pas à l'Etat de chercher un fuyard , vaut mieux placer des radars auto ou des flics sur des zones pas du tout accidentogènes !!
Le fond d'aide aux victimes m'aura gratifiée de 2500€ pour toute cette souffrance, si tu déduis les 800€ de frais sur la moto, ça fait pas cher payé la quasi année de merde. Sans compter les pertes de salaire et heures supp que je faisais habituellement (la sécu paye sur la base du salaire signé...). L'assurance aura fait un geste de 1000€ pour l'équipement et après rapport d'expert et de police envoyés, cependant ayant pris en charge les réparations, ils ne m'imputeront pas de malus, c'est la protection conducteur qui aura marché ici... Je sauve les meubles

Niveau physique, j'ai encore mal aujourd'hui, suivant les jours ça peut être horrible, me mettre à genou m'est impossible (pour la levrette c'est pas pratique

J'ai mon monitorat de ski, autant la saison 2010/2011 était morte assurée, autant la prochaine saison est incertaine. Ne serait-ce que pour mon plaisir perso... En septembre j'essayerai de me remettre aux 2 danses que je pratiquais : orientale et bachata.
J'ai encore 7 kg à perdre par rapport à l'avant accident...

J'ai beaucoup - de mémoire qu'avant, alors que j'avais une mémoire de folie, j'oublie des trucs de merde, genre où sont mes clés, ou ce que quelqu'un m'a dit 5 min + tôt, je dois me concentrer 15 fois +. Je travaille pour que ça revienne, tout doucement j'ai espoir, mais merci le trauma cranien...
Je n'ai jamais voulu parler de mon accident sur le forum, si j'en parle ici (en espérant ne pas avoir démoralisé ou gavé qui que ce soit) c'est pour faire réagir, et faire savoir qu'en France, aujourd'hui encore, on considère les motards comme des sous-merdes qui n'auraient pas du faire de la moto, qui coûtent cher à la société et on les rend coupables de leurs blessures et accident. En ne prenant pas en charge leur douleur, en ne faisant pas correctement son boulot.
Certains me demanderont surement si je n'ai pas pensé à porter plainte contre l'hôpital... Tu te vois toi, le pot de terre, attaquer le pot de fer ?? ... Marre des batailles, usée de me battre pour ma jambe, je n'ai pas voulu m'acharner des mois voire même des années pour gagner quelques euros. Je voulais juste remarcher et ma tranquillité.
Aujourd'hui, je veux juste la paix, je reviens de loin je pense, ma vision de la vie est tout autre, des amis, et même un chéri et un frère de coeur, j'en ai perdu sur la route.
Mais te voir mourir, sentir ces minutes défiler pour une issue incertaine, voir la voiture qui suivait t'arriver dessus, des mois de bataille contre moi-même et les autres, c'est hardcore à vivre aussi, et ça forge un forgeron.
Alors je réfléchie souvent à stopper la moto, y revenir a été très très dur. Toutes ces questions sont une torture. Puis le coeur parle, seul toi peut prendre la décision de toute façon. Les proches te diront d'arrêter en pleurant, ma mère n'en a pas dormi des mois. Mes amis ont tenté de me raisonner. J'irai sûrement un jour vers la piste pour ne faire que ça.
Le tout répressionnaire tue à petit feu les motards, pas que par les points mais parce qu'on s'occupe trop peu de notre sécurité et ce sans état d'âme. Une vie humaine sauvée ça ne rapporte rien à l'Etat... Et ça laisse songeur !
Voilà c'était ma petite pierre à l'édifice, pour qu'un jour les motards soient considérés comme des citoyens normaux, à qui on n'impose pas un gilet jaune sous prétexte qu'on les verra mieux... Ce jour-là, même avec mon gilet jaune, j'aurais été renversé, il aurait juste fallu acheter un cerveau, deux yeux et des rétroviseurs à mon "tueur en puissance" pour éviter ce carnage.
Aujourd'hui, sur cette portion de la voie rapide de Nice, après mult courriers à la mairie, j'ai gagné une mini bataille. Depuis 1 mois, des "bites" en plastique ont été installées le long de cette voie de décélération, pour éviter aux gens de couper les voies pour sortir...
Hier en y passant en voiture, sur 12 bites, j'en observe 3 déjà de couchée... Que voulez-vous, les gens sont aveugles et inconscients, on changera pas le monde, seuls nous pouvons sauver notre peau, en faisait toujours + attention.
mamz'ailes a écrit :Voilà un schéma avec légende pour que chacun puisse mieux visualiser... (cliquer pour agrandir)
Il était 17h30, en pleine circulation dense (congestionnée même quelques mètres avant ma position, qui dit entrée/sortie de voie rapide/autoroute = bouchons !!), la voie rapide de Nice était en partie en travaux et elle est réputée dangereuse, je n'y fais jamais d'interfile ou remontée, sauf si c'est vraiment à l'arrêt.
Donc moi je roulais sur ma voie (la + à droite des 2 voies), en vérifiant les bagnoles qui s'insèrent de la voie à ma droite (la voie d'insertion continue en voie de décélération si on change pas de voie, 90% des autos déboitent donc à gauche pour s'insérer sur la voie rap, aucune utilité de rentrer pour aussitôt ressortir ^^). Parfois elles coupent jusqu'aux pointillets (à hauteur de ma moto) et j'avais déjà failli m'en manger une un jour, donc étant à bonne distance de sécurité de devant et ne soupçonnant pas un instant le danger sur ma gauche (naïve que je suis !!), je concentrais pas mal mon attention là-dessus.
Cette sortie de la voie rapide est annoncée 500m plus tôt, puis à l'endroit même de la sortie. Je soupçonne donc que le type était distrait pour pas voir et ne pas réagir la 1è fois (téléphone, etc etc). Son vito avait des vitres teintées, de côté je pouvais donc pas voir ce qu'il foutait en conduisant, aucun comportement louche (genre zigzag sur sa voie), enfin pas dans mes souvenirs.
Je ne me rappelle pas si il a toujours été à ma gauche, ou s'il me suivait et m'a doublée vu que je roulais calmos, ou s'il était à même vitesse que moi, etc.
Je me rappelle juste le voir déboîter brusquement au dernier moment pour sortir, en coupant tout de gauche à droite, sans aucun doute sans vérifier le rétro et donc sans me voir. Je revois encore le choc sur le guidon, et après j'me sens tomber à terre et glisser très longtemps pour me retrouver stoppée la tête sur la rambarde de sécurité, le corps à cheval sur la BAU, une voiture pilant et s'arrêtant à 1m de mes pieds (qui était donc en partie sur la voie à droite). Les secondes précédant l'accident = le néant, un peu comme Night. Les scanners ont révélé un choc assez lourd, un TC moyen (avec entorse du rachis cervical, j'ai encore mal au dos/nuque au quotidien), et une amnésie partielle rétrograde et antérograde.
Si on l'avait retrouvé, il était déclaré 100% responsable, j'avais des témoins, mais là pas de tiers identifié, donc dans le cul Lulu ! C'est mon + gros regret, de pas avoir eu sa gueule en face de moi et ne jamais pouvoir mettre un visage sur le gros connard qui a failli me pourrir ma vie définitivement !
V à tous
