L’ensemble est bien entendu purement subjectif, et mon expérience se résume à un peu plus de 4 ans de permis moto, ayant eu auparavant un SV 650, et maintenant un petite ER6. J’ai par contre eu la chance d’essayer quelques autres motos, dont des grosses cylindrées : FZ1, FZs1000, Monster 1100 evo, Monster S4R 996, SV 1000 mais aussi des FZ6, gladius, bandit 650, Africa twin 750, GSR 600, street triple (non « r »)… bref, j’a un aperçu de ce qui existe.
Premières pensées en la voyant : elle est bien foutue, avec des lignes acérées, tranchantes, plutôt ramassée et costaud d’aspect. Valorisante aussi. Du haut de mes 1m74, la hauteur de selle de 815mm ne se fait pas ressentir, les pieds touchent par terre. L’assise est plutôt confortable, la position légèrement penchée vers l’avant sans fatiguer les bras (ressenti après l’essai) et permet d’affronter la pression de l’air plus sereinement qu’avec l’ER6, elle se manipule bien à l’arrêt grâce à un poids contenu. Les éléments visuels me semblent de construction sérieuse, mais peut être ne suis pas je difficile. J’aurais préféré un guidon mat, le metal brillant fait un peu cheap. Le compteur est très simple et sans fioritures, mais il est complet.
Cette moto avait à peine plus de 100km au compteur, je n’ai pas tapé au-delà des 8000/8500 tours. Honnêtement, ce n’était pas la peine : Le moteur est sympathique comme tout, reprend bas, pas mal plein à mi régime et devient rageur dès 6000/6500 tours… quand je pense qu’il ne donne pas encore son plein potentiel, on se dit que ce n’est pas sur ce point qu’on peut trouver à redire.
Il est souvent dit qu’il manque un certain coup de pied au cul, que les sensations ne sont pas au RDV.
C’est vrai et faux à la fois : le moteur est effectivement linéaire car plein partout (sauf très bas), et il n’est nul besoin d’attendre la cavalerie lâchée d’un coup… ça n’est pas un réel défaut à mon sens. Il m’est plusieurs fois arrivé de me dire que je me trainais un peu comparé à des trajets avec mon ER6 sur un parcours que je connais par cœur, mais j’ai été surpris à chaque fois par la vitesse affichée sur le compteur, bien supérieure à ma vitesse habituelle. Surprenant, vraiment !!!! Sans rouler au dessus de mes pompes, j’ai roulé plus fort avec cette moto. Bon, reçu, il faut faire gaffe au ressenti trompeur.
La partie cycle, est pour moi un domaine important, je suis prêt à sacrifier un peu d’agrément moteur pour plus de précision et de maitrise sur ce point. Encore une fois, elle est à la hauteur.
Les défauts de la route sont bien filtrés, la moto est sur un rail en courbe, la moindre impulsion du bassin la dirige et on se demande si on a réellement un pneu arrière en 180. A ce sujet, elle est dotée d’excellents BT16, mais ils ont beau être excellent, un pneu neuf ça glisse pas mal : la 1ère grosse mise sur l’angle et j’ai eu droit à une petite dérive de l’arrière. La fourche, certes non réglable, fait admirablement le boulot même sur des routes au revêtement … "approximatif" disons

Le train avant parait très « léger », et je ne sais dire encore si c’est un avantage ou non. Rouler au ralenti est un exercice facile, avec un excellent rayon de braquage, mais les premières longues courbes en appui sont déconcertantes, on hésite tout d’abord à faire confiance, on craint que ça flotte. En fait, il n’est en rien : la direction est certes « nerveuse « et réactive, mais la stabilité est quasi-parfaite.
Enfin, il me faut aborder une partie très déplaisante : le frein avant.
Je n’étais déjà pas bien loti avec mon ancien SV, mais là je trouve ça ridicule sur une bécane de cette trempe. L’attaque est inexistante, feeling « spongieux » qui ne met pas du tout en confiance, et nécessite de bien préparer sa courbe, je me suis plusieurs fois dit que je n’avais pas de frein moteur sur lequel compter et qu’il ne fallait pas attendre du frein avant qu’il me rattrape un excès de zèle dans la porte d’entrée du virage. On se retrouve fréquemment à devoir faire « l’appoint » avec le frein arrière, qui est donc plus sollicité que nécessaire quand on veut s’arrêter net à un stop par exemple (lui, il fait son job assez correctement).
Amis des gros freinages de trappeur, vous êtes prévenus, circulez y a rien à voir. Bien sûr quand tire fort, ça freine.
De l’avis du vendeur, elle mériterait amplement un maitre cylindre de 16 (celui du gsxr 750 par exemple) pour palier au manque de mordant à l’attaque.
Au niveau sonorité, on distingue clairement le son du moteur et celui du silencieux, tous deux différents mais très discrets. Trop, en fait. Pour qui aime conduire à l’oreille, c’est un peu juste, les bruits aérodynamiques prennent le pas. Le pot n’est pas moche, mais mérite tout de même d’être remplacé pour la sonorité, qui, ne nous le cachons pas, joue une bonne part dans le ressenti.
J’ai le sentiment qu’elle consomme peu, ma ballade soutenue d’une demi heure n’a pas entamé une seule barre des deux présentes au départ sur la jauge. Au passage, l’indicateur de rapport engagé est une chose appréciable.
Elle me semble bien placée en prix, et on la trouve déjà en occasion à des tarifs vraiment abordables.
Mais si je craquais, il me faudrait dépenser en plus un pot adaptable, un freinage digne de ce nom (maitre cylindre + plaquettes métal fritté + durites avia), et la facture grimpe alors.
Donc non, je ne craquerai pas pour son manque d’homogénéité et ce malgré de nombreuses qualités, sauf si mes finances ne me permettent pas de passer à mes premiers choix : street triple R et honda cb1000r.
Bonne route à tous et toutes.
Yota.