Pas de gros roadtrips de prévu cette année, mais une envie de découverte quand même... Et si on s'essayait au rallye routier ?
Après avoir lu les CR de MrCobra (Luc) et Titoune de ces dernières années, ça me donnait clairement envie de tenter l'aventure. Allez hop, on se lance dans le grand bain !
Et ça tombe bien, l'épreuve d'ouverture du Championnat de France des Rallyes Routiers est celle des Cévennes, pas si loin de la maison, des routes sympas et une météo qui peut-être clémente à cette période de l'année, la bonne occasion pour tester la discipline !
Création du topic, beaucoup de popcorns pour peu de motivés, coup de fil à Célia pour lui redemander si elle est toujours partante, c'est parti, yapluka !

Envoi des dossiers d'inscription (presque dans les temps), nous voilà inscrits avec la douce pour notre premier rallye !

Dans l'intervalle la préparation de la moto avait avancé, montage des LPs pour l'épreuve de nuit (avec le relais et tout le tointoin électrique qui va bien), installation du récupérateur de fluide Lactel® pour un maximum de bon calcium, remise plus ou moins au norme de la plaque d'immat' juste avant de partir (dans le bon format c'est déjà bien, les hélicos la verront mieux

Départ Jeudi soir, 19h30, j'ai 4h de route pour arriver à Anduze.
Ça roule et déroule, jusqu'à rouler sur un pare-brise éclaté sur l'autoroute avant Valence, la voiture en warning dans le bas-côté était mal en point, petit moment de flottement avec l'appel au secours et ça repart, en mode stress pour les pneus, l'épisode de la remorque Dijonnaise a laissé des traces (les vrais savent).

20 minutes après, la voiture se met à biper à rythme régulier, et merde, j'ai sûrement un pneu crevé, une odeur de loose se répand dans l'air ambiant. Je sors de l'autoroute et contrôle la pression (ça aide d'avoir le matos moto dans le coffre), tout va bien, c'est bizarre. Je repars, enlève mon sac à dos du siège passager, ça bip plus.


J'arrive finalement au camping vers 23h30, Célia m'a attendu avant de dormir, je ne sais pas ce qu'elle s'imagine mais ça ne va pas être possible... On décharge le strict minimum de la voiture, montage de tente en mode furtif (ça ronfle déjà chez les voisins), ça change d'un rasso Binano, l'apéro est fini depuis 1h, des grosses tarlouzes ces rallymens.
Nuit agitée, ça caille de ouf malgré mon duvet de montagne et ma couette, cimer le camping, qu'est-ce que je fous ici... Je me décide à me rhabiller avec ma doudoune vers 4h du mat', je commence à avoir des crampes vu que je tiens une position PLS depuis 3h.
Vers 7h un type décide de vérifier si sa moto rouge démarre toujours. Fdp.
Levé 7h10, on croise le gérant tout sourire et qui nous demande comment s'est passé notre nuit, master troll. Il nous propose de nous installer en bungalow, rapport à nos motos et équipements de pilotes, on mérite clairement le mieux. Ou alors c'est juste qu'il a eu pitié de nous, j'hésite encore.
On range avec joie nos tentes et direction les reconnaissances du prologue et des spéciales du lendemain. Et même qu'on ne s'est pas perdu (même si Célia manouche déjà son RB...) !

Petite explication sur le déroulement d'un rallye : 2 épreuves, une de Jour et une de Nuit. On peut faire l'épreuve du Jour sans faire celle de Nuit et inversement. #àmaguiz
L'étape du Jour fait parcourir le prologue (une plus petite boucle non chronométrée pour chauffer tout le monde avant de partir faire les 3 "vraies" boucles) + les 3 boucles différentes. L'étape de Nuit fait parcourir 2 boucles (généralement 2 des 3 boucles du Jour).
Chaque boucle contient 2 ou 3 spéciales chronométrées, de 2 à 3km environ.
Le but est d'arriver aux différents CH (Contrôle Horaire) à l'heure prévue (dans une fenêtre de 30s précise), pas avant, pas après, pour éviter les pénalités temps (7,5s pour une petite erreur par exemple), tout en faisant de son mieux en spéciale. Le classement final est basé sur le cumul des chronos des spéciales + les éventuelles pénalités du routier.
Pour le Rallye de la Porte des Cévennes plus spécifiquement, on roulera au départ du village d'Anduze, 390km pour la première étape (le Jour donc) et 6 spéciales (3 fois les 2 spéciales), tandis que la seconde étape (la Nuit) fera 200km et 4 spéciales. 600km de petites routes Cévenoles... ça va être éprouvant !
Les deux spéciales, d’une longueur de 2.9 Km, sont situées au col de la Tourte et au col du Mercou et présentent chacune un profil différent (plus rapide pour l'une, plus tortueuse pour l'autre).
Si ce n'est pas assez clair je vous laisse lire le règlement du rallye routier.
Mais avant de passer aux hostilités, on doit passer le contrôle administratif, contrôle papiers du pilote et de la moto, remise des numéros à fixer sur la moto, etc. Pas trop de monde donc on passe assez vite, montage des plaques numéros, ça fait trop raciiiiiiing.



On parlera avec quelques rallymens à l'occasion, notamment avec Michel Bonneau (Vice champion d´Europe Rallyes Routiers et pas que, maintenant membre du jury FFM, pote de Lolo Cochet et Serges Nuques, ça vous donne une idée du garçon), super sympa et avenant, on restera bien 30 minutes à parler roadtrips et moto, belle rencontre !
Allez zou, direction le contrôle technique pour pouvoir faire une sieste après, je suis HS ! Sauf que vu la file d'attente pour le passer, en plein cagnard, on fera vite demi-tour pour se poser au camping, dormir et y retourner plus tard avant la fermeture. Et on a bien fait, il y avait au moins 1h d'attente avant d'y passer (pouce bleu Célia, t'as pas que des idées de merde



On y retournera pour 18h30, pour une blague technique. Au final c'était juste un contrôle des casques, gants et dorsales. Zéro vérification des motos, du récupérateur de fluide, des feux/clignos, rien. Moi qui stressait un peu sur l'état de mes pneus quasi au témoin, je ne vais pas me plaindre mais c'était franchement ultra light.

Briefing pilote à 19h pour annoncer les infos principales, petit changement de case sur le roadbook, rien de méchant. Un petit moment est dédié aux débutants à la fin du briefing mais les questions loufoques nous achèvent Célia et moi, les mecs se sont inscrits suite à un pari c'est pas possible.
Petite soirée pizza avec la bande, ou plutôt soirée au camion à pizza, 1h pour faire en 5, le mec m'a tueR. J'engloutis ça vite et direction le lit assez tôt, je suis complètement naze avec un mal de crâne pas possible, ça va faire du bien de dormir au chaud.
Samedi matin, 7h. J'entends Célia qui fait des allers/retours dans le bungalow, elle est matinale la petite !
Ou alors c'est juste qu'elle re-remet son RB à l'endroit, championne !

Mon départ au Prologue est prévu pour 8h58 (8h48 en pré-grille, histoire d'éviter les retards - concept à retenir, pré-grille rasso), ça laisse le temps de finir quelques bricoles sur la moto et de s'équiper tranquillement.

Les départs se font sur la place de la mairie, au centre du village, le cadre est très sympa et la ville a joué le jeu pour mettre l'événement en avant, pouce bleu je like.


Départ 2 par 2 toutes les 30s pour reconnaitre un bout du routier et les 2 spéciales. Je suis en duo avec un mec en 610SM, manque de bol je galère à ranger mon carton de pointage (la seule preuve comme quoi on a pointé correctement aux CH, donc très important, à ne pas perdre !), résultat je pète la fermeture ma banane trop stylée au bout de 200m, obligé de m'arrêter sur le bord de la route après 500m pour le ranger correctement. Le mec en 610 m'attend, je ne comprends pas pourquoi, il est beaucoup trop gentil. Moi je ne suis pas gentil, une fois reparti je ne l'ai pas attendu, je ne suis pas venu ici pour acheter du terrain.

Nouvel arrêt après 20 bornes, j'ai mon lecteur de RB qui bouge dans tous les sens, ah ouais, y'a tous les boulons qui se baladent à l'intérieur, ça n'a visiblement pas supporté les vibrations et l'état de la route.

2/3 rislans et c'est reparti, faut que je rattrape mon retard pour savoir si les temps sont tenables (lors du briefing de la veille, les orgas nous ont annoncés que c'était difficile d'être dans les temps).

Le reste du Prologue se passe sans encombres et permet de se familiariser avec la lecture du RB et de se rendre compte que finalement je ne connais pas du tout les spéciales, on va faire à vue hein.


Je récupère un "vieux" sa vieille CBR et 2 pilotes Élite (le top 30 à la louche, ceux qui ont déjà fait des résultats), ça roule fort et propre, ça fait trop plaisir !

Y'a juste un petit souci, les pneus ont déjà les témoins entamés après 80 bornes, ça va être sport de finir la journée avec.

Petit ravito de 15 minutes, on refait le plein et c'est parti pour la 1ère boucle de l'épreuve 1.
On a 15 minutes pour faire 18 bornes avant le premier CH et la spéciale, ça passe large et on arrive avec 5 minutes d'avance au CH, ça commence bien. Je pointe à la bonne heure, je sais encore faire des additions, bonne nouvelle. Le problème, c'est que dans les 200m entre le CH et le début de la spéciale (zone morte), il y a 100 motos qui s'enquille... Bizarre.

On apprend vite que ça a chuté dans la spéciale, un ZX10R s'est satellisé dans un ravin. Je croise le mec un peu plus tard, il a déclenché son freinage un peu trop tard, à 220. Il s'est arrêté avec l'aide du pont, indemne. Chanceux. Ça repart pour quelques motos, puis encore un nouveau crash, apparemment au même endroit. Nouvel arrêt de course, juste une hanche douloureuse pour le gars, pas pire. Les mecs sont ultra chaud, la journée vient à peine de commencer.

On remet les casques, fait chaud sous les cuirs en plein soleil mais on va pouvoir rouler ! 5 motos devant moi, la pression monte, mais redescendra aussitôt, encore une chute devant. On se demande si il n'y a pas une réunion sextoys dans le fossé. Manque de chance, cette fois ça sera plus grave parce qu'en plus des ambulances, on verra passer les gendarmes puis les pompiers, puis on entendra un hélico, ça pue là, corporel. On attend depuis 2h sur place quand la direction de course décide d'annuler la spéciale, retour en sens inverse au paddock en convoi pour les pilotes restants.

J'apprends que Célia, Luc et Eudes attendent eux au paddock, ils n'ont pas pu repartir pour la seconde boucle.
Je les rejoins en ville, peu d'infos circulent.
Un briefing pilote est organisé à 16h, pour annoncer le décès de Julien R., triste histoire, ça fout un coup...
Le jury décide de continuer le rallye, en laissant le choix à chacun de repartir ou non. Une majorité continue. Ça faisait 10 ans qu'un accident grave n’était pas arrivé en rallye, ça ne fait jamais trop longtemps pour ce genre de chose.
La direction de course a donc modifié la suite, pour faire une boucle de jour et deux boucles de nuit. Ça sera à chaque fois la boucle du Prologue, 3x80km, avec une seule spéciale à chaque fois, la 2ème. La 1ère sera considéré comme faisant parti du routier.
C'est un peu étrange de repartir dans ces conditions mais malgré ces malheureux événements, la vie continue.
Cette dernière est finalement plus simple à retenir que la première, même si sur le papier elle paraît plus technique. Ça ne m'empêchera pas d'enchaîner les mauvaises trajectoires avec comme résultat un chrono moyen en 2'27, me plaçant à la 71ème place au scratch, sur 143.
Pour le coup j'ai vachement ressenti le manque de reconnaissances et d'habitude à rouler sur route fermée, je n'arrive pas à rouler pleine gauche facilement, Shart donne moi des conseils stp.
L'adrénaline est là, la pression redescend, ça fait du bien de lâcher un peu les chevaux après les événements de la journée.

Petit ravito pour être tranquille (2x80km ça passe easy sur mon chameau) et c'est parti pour l'épreuve de nuit.
Eudes et Célia nous abandonnent, avec la promesse de jouer les pom-poms girls. J'attends toujours.

Je peux admirer les montages des habituées en attendant mon tour, ça ne plaisante pas, les mecs sont là pour concurrencer le Macumba (elle est pour toi cette référence mon Fredo)! Vas-y que j'te monte un xénon de 500 balles pièce, que j'te mette une rampe de 78 leds, je fais presque pitié avec mes 2 pauvres longues portées chinoises.


Départ 20h30, il fait déjà nuit noire, mais la température est encore agréable en équipement été, gooooooo.
Et c'est tout de suite grisant et excitant ! Je suis habitué à rouler de nuit l'hiver en partant et en rentrant du boulot, mais sur des routes "inconnues", en 701 et en mode course, c'est une ambiance assez ouf ! Mes LPs crachent finalement assez fort et sont bien réglées (manque juste un peu de profondeur mais niveau largeur c'est du tout bon), j'arrive facilement à prendre du plaisir dans ces conditions.
Les routes sont variées, ça enroule en 6 (elle est intacte celle-ci oui), ça tricote de la boîte dans les parties techniques, il y en a pour tous les goûts.
Je fais la quasi majeur du routier avec un habitué des rallyes en 690SMR, c'est une sensation assez agréable de rouler à bon rythme comme ça en "sécurité" (route "connue", nuit donc autres véhicules visibles de loin, etc). Après une portion plusrouteàchèvrequeçatumeurs qui met dans l'ambiance, c'est le départ de la spéciale version nocturne !
Je pointe à l'heure, prends le petit carton de la spéciale (qui indique l'heure de départ de la spéciale, pour le CH à l'arrivée), puis reprend un autre carton, le mec devant moi ayant demandé 30s de rab en plus des 30s réglementaire. Bon, OK. 10 secondes au panneau, fermeture du casque.... La pression monte... 5 secondes, le moteur commence à prendre ses tours... 3, 2, 1.... Top chrono ! Je fais un bon départ, les trajectoires sont plus propres que sur le jour, je me sens bien mais je perds un peu de temps dans la ligne droite sur le haut du col, il faut oser ouvrir en grand sur la bosse sans visibilité. Déjà c'était chaud de jour, mais là la nuit... je n'ai pas eu ce qu'il fallait dans le pantalon !
Arrivée de la spéciale, je suis en fusion, je tremble, putain que c'était bon ! Je fais un chrono de 2'29 soit seulement 2s de plus que sur la spéciale de jour, ce qui me met en 52ème place, je suis content de moi pour une première de nuit, ça rattrape un peu la perf dégueulasse de tout à l'heure !
Le reste du routier se passera sans encombre, ça roule toujours aussi bien.
On rattrapera le mec devant (celui qui avait demandé les 30s), il a perdu ses additionnelles juste avant la spéciale et a fait un chrono en 3 minutes, heureusement qu'il a demandé du temps en plus, ça m'aurait fait bizarre de voir quelqu'un sur ma partie chronométrée !
Petite pause de 15 minutes avant la deuxième et dernière étape de nuit, je mange un petit bout et c'est reparti, tequila, Heineken, pas l'temps d'niaiser, l’événement est incroyable.

Le froid arrive, la fatigue aussi, les gants été ne sont définitivement pas une bonne idée à 23h30 si tôt dans la saison.
Je fais le routier seul cette fois-ci, aidé par l'éclairage et la pseudo-connaissance de la route. J'arrive cependant à la spéciale un peu au radar, je ne sens plus mes doigts et même si le parcours a été amputé d'une partie des boucles, l'énergie est moindre à cette heure là. Je décide d'un commun accord avec moi-même d'être moins incisif sur la poignée de droite, pas envie de faire une erreur bête, pas maintenant. Ça se ressentira au chrono, +2s par rapport au précédent, mais j'ai préféré jouer la carte de la sécurité, d'autant plus que la route est maintenant froide, ainsi que les pneus (10 minutes d'attente au CH). Entre la petite pause de 10 minutes pour se reposer et se réchauffer OU arriver pneus à température, j'ai vite choisi !
Dernière demi-heure de routier, j'ouvre la route, on profite des derniers instants, le silence de la nuit un peu perturbé par le bruit de nos monos, c'est clairement de la poésie, Jacques Prévert en sueur.
Arrivée, pointage à l'heure, pas de pénalités sur l'ensemble du rallye, tout bien !
Il faut maintenant mettre les motos en parc fermé en attendant l'arrivée du dernier + 30 minutes, en cas de réclamation de la part d'un pilote (pour tuning trop badass par exemple). Là c'est presque le moment le moins drôle du week-end, on est tous crevé, il fait vraiment froid et avec les événements de la journée, l'ambiance n'est pas vraiment à la fête dans le paddock.

Eudes et Célia nous abandonnent (encore une fois, fragilité totale) et rentrent au camping. Après quelques temps on enfourche les motos avec Luc et dodoooooo, la délivrance !
Nous n'irons pas le lendemain à la remise de prix, nous avons un peu de route et beaucoup de pilotes sont déjà parti.
Pour résumer, c'est une super expérience ce concept de rallye.
Beaucoup de variétés de motos, d'expérience, pas d'excuses pour ne pas se lancer. Combiner la navigation ET le chrono apporte un challenge où chacun peut trouver son plaisir et s'amuser !
Je fini 53ème au scratch sur 180 partants, prochain objectif top 50 !
Big up au camping Bel Été, les gérants sont au top et l'accueil était parfait.
Bisous tendres à Célia (belle performance meuf, fier de toi) et bisous (moins tendres quand même) à Luc et Eudes, c'était cool de passer de temps avec vous et d'avoir les petits conseils qui vont bien.
Prochaine étape, le rallye du Beaujolais, ce week-end.


Une petite vidéo de la FFM tournée pendant le rallye.