Bon vous l'aurez deviné je vais parler Ducati et notamment mécanique.
J'ai entrepris de retaper le moulbif de la diva cet hiver, j'expliquerai le pourquoi du comment que comment que ça se fait qu'une italienne réputée fiable (
) ait besoin d'une telle intervention ! Mais d'abord je vais présenter la Diva :
La voici dans sa robe d'origine (photo de l'ancien proprio). J'ai en possession tout l'équipement d'origine pour la remettre sur route.
Là elle est dans son état actuel, entièrement modifiée pistarde.
C'est donc une très jolie Ducati 748 de 1995 (celle avec les basculeurs fiables mais l'alternateur qui l'est moins et son volant moteur baladeur) entièrement modifiée pistarde, poly, araignée racing, durites avia, PR 19, toussa toussa...
Donc l'histoire de la bête, je l'ai achetée début juillet 2015 dans l'Oise après avoir été la voir (par curiosité) et l'avoir inspecté sous toutes ses coutures. Elles semblait entretenue et ne présentait aucun bruit suspect, et franchement, elle marchait très bien ! Oui je l'ai essayée sur route malgré sa config (que voulez-vous on ne se refait pas).
Le proprio me dit qu'elle n'a quasiment toujours fait que de la piste (8000 km au compteur, mais rien ne dit qu'elle a toujours roulé avec) et qui plus-est elle a fait beaucoup de course, entre autre le CMC à Carole et des courses de côte. La moto est donc freinée de partout et tourne à l'eau distillée.
Donc après cet essai je la réserve en donnant une petite caution, s'en suit le rapatriement la semaine suivante sur plateau et l'arrivé dans le garage, veille de roulage à croix.(elle tournait toujours sans problème)
On notera la SV en plein atelier réparation à coté
De retour de ma journée piste (pluvieuse) je commence la révision de la diva.
Donc vidange du LDR :
Tiens ! C'est vert ! C'est pas vraiment de l'eau distillée ça, m'enfin pas grave.
Je continue en vidangeant le moteur, et là, c'est le début des emmerdes
J'ai deux gros copeaux d'acier sur le bouchon de vidange, bon c'est pas forcément très grave mais je vais regarder si il n'y en a pas d'autres dans le carter. Je passe donc le doigt dans le trou de vidange 
pour voir si il n'y en a pas d'autres, et là je me fais peur, je tombe sur un énorme morceau d'acier qui semble de forme circulaire, tellement gros que je ne peux pas l'extraire par le trou de vidange (qui est pourtant conséquent !). Réflexion Jean-Pierre ... Mais putain c'est quoi ?!
Bon je regarde les copeaux du bouchon et en regardant de près on dirait que c'est usiné, ça ressemble à s'y méprendre à de la denture, comme des dents de boîtes, mais c'est creux donc c'est étrange. je me dis donc que le morceau qui se promène doit donc venir de la boîte, ce qui est d'autant plus étrange qu'elle fonctionne normalement ... Bref je décide d'appeler l'ancien proprio et de lui en parler pour savoir si il n'aurait pas une idée et le cas contraire si il veut bien participer un peu dans le cas ou je dois démonter la bête.
Réponse : J'en sais rien je suis pas mécano et non tu te démerdes c'est ta moto maintenant c'est plus mon problème.
Bon ça se présente mal, d'autant que la loi dit le contraire m'enfin, la procédure de vice caché s'est révélée infructueuse ( Il n'y à que les cons qui s'en sortent...)
je ne m'étends donc pas plus sur cette partie.
Je décide donc de tomber le moteur pour découvrir ce qui cloche et le cas échéant, réparer.
Je mets donc un peu de tunes de coté et attaque cet hiver le démontage de la bestiole ( je n'ai pas fait de photos du début), je commence donc par le démontage des polys et du réservoir, puis les cornets.
On en arrive là
Je continue le démontage par les accessoires entourant la meule et m'attaque donc au radiateur d'eau, durites, régulateur etc...
Le régulateur est monté sur un énorme radiateur sur les versions biphasées et c'est pas toujours suffisant pour dissiper la chaleur du régul, la preuve en image.
L'ancien régul a pris un sacré coup de chaud
D'ailleurs ça a tellement chauffé que le cache courroies en porte des traces.
J'ai contrôlé par la suite mon régul et il est bon, ainsi que mon alternateur (j'en ai un neuf d'avance) l'ancien proprio avait acheté un nouvel alternateur parce que la batterie ne chargeait pas malgré le nouveau régul, mais il ne l'avait pas monté. J'aurai peut être dû lui dire que pour que l'alternateur et donc le régul charge la batterie, il fallait que celui-ci soit branché au régul. M'enfin quand on est con
. L'avantage c'est que j'ai un alternateur tout neuf qui attend tranquillement dans le garage 
.Je continue en virant la boite à air et la rampe d'injection pour pouvoir enlever la pipe d'admission du verticale afin de pouvoir basculer le moulbif (un renfort de cadre pose problème sinon).
on en arrive là
J'en ai chié comme un russe pour sortir la pipe ! Elle était montée à la pâte à joint haute pression, haute température. Payes ton effet ventouse !
Le renfort en question.
Je finis par le démontage du radiateur (je l'avais juste basculé) et attaque l'embrayage pour sortir le carter extérieur droit, je sors également le carter extérieur gauche et arrive sur ça
J'avais déjà viré le rotor d'alternateur la, on peut donc voir le volant moteur d'origine qui pèse un âne mort, ce qui est un bien, en effet selon un préparateur bien connu (Fred Protat) monter un volant moteur alléger (j'entends très allégé du type alu) ne sert à rien sauf à satelliser le moteur en peu de temps.
Ensuite j'enlève le volant moteur pour tomber sur la pignonerie du démarreur et du renvoi de distribution.
La peinture blanche sont des repères que j'ai ajoutés pour rendre bien visible les coups de pointeau à faire concorder.
Je sécurise par la même occasion les clavettes avec des colson pour éviter de les perdre (c'est mieux
)J'inspecte en même temps chaque pièce pour trouver une anomalie mais tout est bon et tant mieux, pas de rainure de clavette écaillée sur le vilo (oui ça arrive lorsque le volant moteur se promène et elle à déjà eu le cas) et les dentures sont en parfait état !
.Je retourne de l'autre coté et sors le carter extérieur droit et arrive sur ça
Là rien de particulier si ce n'est le pignon de renvoi du primaire qui est allégé alors qu'il n'est pas censé l'être, mais ce n'est que du mieux
, sinon vu sur la pompe à huile, le renvoi de primaire et le pignon primaire (ultra difficile à extraire au passage, j'ai niqué un extracteur trois griffes avant de devoir l'emmener chez Ducati pour le sortir avec l'arrache kivabien )Une fois vidé de ses pignons et carter je peux enfin sortir le bouzin, bien que ce ne soit pas nécessaire pour le sortir, quand on est tout seul c'est mieux d’alléger le bazard
. Au passage j'en profite pour sécuriser tous les cables pour ne pas être gêné pendant l'extraction du bébé. Pour le sortir rien de sorcier en soit, il ne tient que par trois axes dont un qui passe par le bras oscillant (Ducati ayant bien pensé la chose d'un sens, on peut sortir le bouzin sans que la moto finisse en deux, en effet le bras tient dans le cadre par deux demi bagues.)
Étant tout seul je me suis aidé de deux cric hydraulique pour soutenir et basculé le bouzin progressivement et au final obtenir ça
Ça fait un crou !
Une petite vue sur le moublif avant que je ne le mette sur son support pour travailler tranquillement.
Et voilà pépère sur son support (Home made
) c'est beau hein 
J'attaque donc le gros du sujet
Je commence par virer les courroies (que je remplacerai) et la durite d'huile qui part du carter et va jusqu'au culasses.
Ensuite démontage des culasses (je n'ai pas de photos pour tout ça) que voici
C'est bien sale tout ça
je continue par le démontage du cylindre piston et là va y avoir de la surprise :
tout d'abord une vue sur le cylindre où l'on aperçoit bien les traces de honage, ça s'annonce bien
Ensuite une petite vu de la jupe d'un piston, comme neuve mis à part une vilaine trace
J'inspecte ensuite bien chaque piston et chaque cylindre, il s’avère que les pistons sont en parfait état et la segmentation avec (contrôle du jeu à la coupe), les cylindres eux, sont un peu moins bien.
L'usure n'est pas prononcée, au contraire, mais la base du fût a comme un souci. voir photo ci -dessous
Elle s'est fait percuter et à cette étape du démontage je ne sais pas par quoi.
Une vue de l'embiellage en passant
Hehe oui vous avez bien vu il s'agit de bielles Pankl en H, en acier
Suite à cette histoire de fût de cylindre abimé je décide de re-jeter un œil à mes pistons et bien m'en a pris !
look
Les pistons ont mangé aussi ! Tout ça sera récupéré à la lime histoire d'éviter les points chauds sur les pistons et d'éviter de casser les segments pour les cylindres.
Je vire par la suite la crépine de filtration d'huile que je n'avais même pas pris la peine de démonter lors de la découverte du morceau d'acier dans le bas moteur à la vidange.
Pas très jolie tout ça
remplis de copeaux d'acier et de surplus de pâte à joint (tout le moteur avait été remonté à la pâte à joint et ça avait été fait par un goret ! 
)Voilà enfin le moment de vérité ! L'ouverture des demi carters eeeeeeeeeet tadaaaaam !
Une jolie vue d'ensemble du vilo avec ses jolies bielles
et de la boite de vitesses et .... mais que vois-je ? Si si dans l'huile en bas là !Regardons de plus près
ah mais c'est pas très beau tout ça
le morceau est en trois parties (dont la plus grosse au niveau du trou de vidange) à cette étape je n'avais pas encore identifié l'origine de la pièce mais c’était de l'acier et du costaud !Une autre vue de détail, on notera au passage tous les copeaux présent
Une photo du plus gros morceau dans ma main pour se rendre compte de la taille du truc
Je vous poste à la suite de photos de détail des trois morceaux extraits du bas moteur
C'est bien ratatiné cette affaire
mais qu'est ce que ça peut bien être ? Bah sur le coup je pensais à une bague extérieure de roulement qui aurait pétè au niveau du chanfrein ... On verra par la suite 
D'abord nettoyage du vilain brequin
on commence par virer ce foutu bouchon en alu qui a la fâcheuse tendance à se barrer si il est mal monté (et la les coups de pointeau sont pas terrible), coup de bol le mien était bien serré 
Une fois enlevé on tombe sur le circuit de graissage interne du vilebrequin, en effet l'huile après être passé par radiateur, quand il y en a un, et le filtre à huile, passe en premier lieu par le carter extérieur droit pour ensuite passé directement dans le vilo afin de lubrifier les coussinets de bielles.
Il arrive que l'huile contienne encore des dépôts formant une sorte de boue quand l'huile se pose ou lorsqu'elle est centrifugé. Cela arrive notamment lorsque l'on ne vidange pas souvent.
Un quart remplis de merde !
putain quel entretien elle a eu ! Et l'autre tarte qui me joue la comédie du genre je vais lâcher une larme lorsque je suis partis avec la meule sur le plateau ! Ah tu devais l'aimer ta meule pour ne pas l'entretenir comme ça ! 
Bref je nettoie donc toute cette merde et brosse bien l’intérieur de mon vilebrequin
, je conclus par un remontage en règle du bouchon de vilo, neuf avec frein filet et poinçonnage en règle.Pour finir j'inspecte mes carters à la recherche de fissure (ça arrive aussi oui) et j'inspecte mes roulements de vilo suite à ma théorie.
Et bien j'avais tord mais pas tout à fait
Désolé je n'ai pas fait d'autres photos, ce que l'on voit avec cet aspect granuleux n'est pas la cage extérieur du roulement mais la frette dans laquelle il est monté. La frette est en faite épaulée sur le carter et c'est cet épaulement que j'ai retrouvé dans le carter. je n'aurais jamais pensé que ça puisse casser à cet endroit, la seule explication serait une précontrainte des roulements trop importante couplé à une faiblesse dans la frette. Mais tout de même !
C'est aussi cet épaulement qui a percuté mes pistons et mes fûts de cylindre après s'être fait promener par le vilebrequin et la boîte.
Bref j'ai donc acheter des roulements neuf ainsi qu'une frette pour remplacer tout ça, en démontant l'ancienne frette je me suis aperçu qu'elle avait tourné dans le carter et je l'ai donc récupéré tranquillement avec du papier de verre fin.
Avant que je la remonte mon père a jeté un œil à tout ça et m'a conseillé de faire monter frette (et tant qu'a faire roulements) par un pro histoire d'avoir un ressenti sur la mise en place et donc le serrage (les mesures de la frette et du logement du carter s’avéraient concluantes). Comme je devais de toute façon le filer à un pro pour le calage des lignes (je n'avais pas le matos adéquat pour les mesures des lignes et pas non plus un stock de rondelles de calage) je me suis dis que ce n'était pas bète, mais à qui le filer ? Dans mon coin il n'y pas beaucoup de bouclard Ducati et le peu qu'il y ait ne sont pas très compétents.
Comme je ne voulais pas monter jusque chez Bruno Motosport 62 (qui est à plus de 170 bornes de chez moi) mon père m'a parlé de son sorcier, son mécano quand il était jeune, le seul à qui il confiait sa Ducat (croyez moi c'était déjà rare qu'il confie sa meule à quelqu’un, maintenant au mieux il file ses culasses pour qu'on lui fasse son jeu aux soupapes parce que ça l'emmerde de le faire et même la il ne le file pas à n'importe qui) il me parle donc de ce sorcier (qu'il ne croyait plus en activité auparavant) et quel sorcier ! Il ne s'agit ni plus ni moins de Pierre Foucart un sacré mécano ayant fait de la prépa et de la compet et travaillant à son compte après avoir fait ses armes chez Val d'Oise compétition, c'est dire ! Bref je suis donc monté à Argenteuil avec mon père filer le bas moteur au sorcier.
Actuellement j'attends le retour de mon bas moteur (déposé le 24 décembre le matin), M. Foucart étant quelqu'un de très demandé et qui n'aime pas travailler dans la précipitation, de toute façon c'est une pistarde donc ce n'est pas super pressant. Toutefois je devrais pouvoir le récupérer en fin de semaine.
Au programme donc : montage de la frette et des roulements + calages des lignes.
J'ai demandé par la suite à ce qu'il jette un œil à mes coussinets de bielles et bien m'en a pris
look
L'état n'est pas catastrophique mais il était temps de les faire, on peut voir une petite écaille qui s'est décrochée sur ce demi-coussinet.
Donc après mesures du maneton du vilo (qui est en super état) et en partant du principe que le marquage des bielles est bon (classe A) nous avons commandé des coussinets bleu bleu (non je ne me répète pas c'est le marquage des demi coussinets, on peut associer un bleu et un rouge par exemple) s'en suivra un plastigage afin de mesurer le jeu réel entre maneton et coussinets de bielles et si c'est concluant (ça ne peut que l'être mais bon) et bien ce sera partis pour le remontage
!En bonus le sorcier m'a changé mes roulement de boîte histoire de repartir sur du neuf et d'avoir l'esprit sain
Voilà pour la première partie, la suite au prochain épisode
Si il y à des questions bah n'hésitez pas
très intéressant tout ça, vivement la suite, en espérant que tu sois au bout des surprises 
![:]](./images/smilies/8.gif "Dan.San"){kind=small}
